Les membres du conseil de surveillance étaient réunis ce vendredi 17 avril pour une réunion sur la situation liée à l’épidémie de Covid-19. Anne Hidalgo, Maire de Paris et Présidente du conseil, témoigne de l’immense gratitude et des remerciements des citoyens quant à l’extraordinaire mobilisation de tous les personnels hospitaliers pour faire face à cette très grave épidémie. Elle apporte son soutien aux familles, proches et collègues des trois professionnels de l’AP-HP récemment décédés ainsi qu’aux autres agents encore hospitalisés.
Si la période est marquée par une décroissance de la circulation du virus et du nombre de personnes hospitalisées, « l’heure reste bien à la gestion d’une crise majeure au plan sanitaire sur le territoire francilien » dans un contexte de préparation du dé confinement et de persistance de l’épidémie indique le directeur général de l’AP-HP, Martin Hirsch.
L’analyse de la situation conduit les membres du conseil à faire part dans ce cadre des préoccupations principales suivantes :
Encourager les usagers à continuer à se faire soigner malgré le confinement. On a pu observer un certain renoncement aux soins qui pourrait se traduire par des conséquences néfastes sur l’état de santé des patients les plus vulnérables.
Ce retour de la confiance demande l’organisation fine, sans doute pour un long terme, de la coexistence des circuits et des secteurs accueillant des patients COVID et non COVID ainsi qu’une bonne articulation entre médecine de ville et hôpital.
La réflexion est d’ores et déjà engagée à l’AP-HP avec la mise en place d’une réflexion pour la régulation de la reprise de l’activité.
Prévenir les risques de contamination des usagers et des professionnels hospitaliers par la mise en place d’un dépistage plus systématique des patients comme des personnels pour casser les chaînes de contamination.
Sur la question de la montée en charge des capacités de traitement des tests, Anne Hidalgo appelle l’attention sur la question des tests sérologiques et précise que « s’il faut évidemment s’assurer de la qualité de ces tests, il est nécessaire de veiller à ce que cela ne se transforme pas en une prudence excessive qui nuirait au déploiement de ces tests. Il faut bien entendu respecter les processus de validation qui sont en cours mais il faut d’ores et déjà penser à la capacité de production massive de ces tests afin de prévenir une pénurie qui semble inéluctable, en l’état d’une commande confiée par l’Etat à une seule entreprise en France ». La présidence du conseil de surveillance plaide pour la production urgente de tests sérologiques sur chaque territoire.
Lutter activement sur le territoire et avec tous contre la propagation de l’épidémie de Covid 19 à travers le projet COVISAN
Pour satisfaire à cet objectif et accompagner le déconfinement à venir, l’AP-HP, la Ville de Paris, le département de Seine-Saint-Denis, l’URPS, les communes et CPTS concernées par les pilotes et le groupe ACCOR prennent, sous l’égide des pouvoirs publics et dans un cadre partenarial, l’initiative d’un dispositif de terrain, en lien avec tous les acteurs qui souhaiteront se joindre à cette initiative afin :
- « de mobiliser de nouveaux moyens humains pour détecter des foyers de contaminations et dépister de manière systématique les personnes potentiellement contaminées ».
- « Pour toutes celles qui sont contagieuses et qui n’ont pas besoin d’être hospitalisées, de garantir les conditions d’un bon isolement jusqu’à 3 semaines après les premiers symptômes de la maladie »
- « Pour celles qui ne peuvent s’isoler convenablement dans leur logement et protéger leur entourage d’une contamination, il sera proposé des chambres d’hôtel ».
Les représentants de la Région Ile-de-France et de la métropole du Grand Paris au conseil de surveillance, Messieurs Ollier et Roger, ont annoncé au cours de la réunion vouloir rejoindre l’initiative.
Pour en savoir plus :
CP : Expérimentation d’un dispositif de suivi renforcé des personnes atteintes du Covid-19
Tenir compte du bilan d’aujourd’hui pour mieux anticiper demain :
« La crise a mis en lumière l’importance des déterminants sociaux- économiques dans l’accès aux soins et dans la relation au soin des patients. L’épidémie est une chambre d’écho aux inégalités : accès aux soins, habitat indigne, surmortalité. Seule une démocratie sanitaire effective sur le terrain, laquelle a toujours été la priorité de l’ARS, peut permettre cette compréhension de la relation au soin » rappelle Aurélien Rousseau, directeur général de l’ARS IDF. Le Dr Laurent El Ghozi a soutenu et encouragé le travail conduit par l’ARS IDF auprès des habitants socialement vulnérables.
Poursuivre le décloisonnement des acteurs concourant à l’efficacité du système de santé
Le bilan des dernières semaines met en avant l’incroyable agilité et réactivité de tous les acteurs et des institutions de santé et médico-sociales pour se mobiliser face à l’urgence, « l’humanité et la solidarité qui ont prévalu sur tout pendant cette lutte contre le virus » précise Anne Hidalgo. Il faut poursuivre et capitaliser dès demain sur cette synergie entre les institutions publiques comme privées et les collectivités territoriales, entre tous les salariés du secteur public comme du secteur privé participant au Service Public de la Santé.
Revoir la gouvernance dans les Hôpitaux
L’urgence de l’action a pu mettre à mal dans certains cas, l’éthique du soin et de l’organisation ainsi que celle du management à l’hôpital. Les représentants des usagers, Marie Citrini et Thomas Sannié, comme ceux des personnels souhaitent que le temps de l’échange soit pris autour des choix douloureux, parfois culpabilisants et des peurs qui animent autant les patients, leurs familles et les professionnels du soin face au virus.
Les représentants des personnels, Rose-May Rousseau et Olivier Youinou, ainsi que les Pr Bernard Granger et Christophe Trivalle, soulignent que les demandes portées tout au long de l’année 2019 pour une revalorisation salariale des soignants, pour plus de moyens ainsi que l’association à la gouvernance des hôpitaux des usagers et des soignants, demeurent plus que jamais d’actualité. Ces demandes ont été soutenues précédemment à l’unanimité par le conseil de surveillance.
Relocaliser en Europe la production pharmaceutique
Enfin est réitérée l’alerte du président de la commission médicale d’établissement de l’AP-HP, le Pr Rémi Salomon, à la suite des appels lancés par les capitales et les grands CHU européens, de la nécessité d’une relocalisation de la production des produits de santé. Si le risque de rupture en médicaments de base et en équipements de protection est aujourd’hui atténué, il faut pouvoir être prêt dans l’éventualité d’un nouveau pic épidémique ou d’une nouvelle épidémie.